La France investit-elle assez dans le domaine de la recherche scientifique ? Les efforts actuels sont-ils suffisants ? Enfin, plus largement, la France du 21ème siècle tient-elle le rang dont elle disposait aux 19ème et 20ème siècles ?
La Conférence des Directeurs des Ecoles Françaises d’Ingénieurs, CDEFI, se garde bien de répondre à cette dernière question mais alerte sur l’importance de la recherche pour la pérennité des entreprises, tout particulièrement dans le contexte actuel de sobriété énergétique et de limitation des émissions de gaz à effet de serre.
La CDEFI souligne que la souveraineté économique de la France, sans laquelle cette puissance relative ne pourra pas être acquise, nécessite de former des cadres tout en produisant des connaissances scientifiques, ce que les écoles d’ingénieurs savent faire. Pour maintenir cette tradition d’excellence française et en faire un moteur de réindustrialisation au bénéfice des grandes transitions, il est essentiel de réinvestir massivement dans la formation des ingénieurs.
En effet, au cours des quinze prochaines années, pour relever les défis des transitions énergétique et numérique notamment, l’industrie devrait procéder à environ 100.000 recrutements nets par an en France. Former ces futurs collaborateurs nécessite un investissement massif dans les établissements qui assument cette mission. La CDEFI alerte au sujet de l’attractivité des carrières scientifiques chez les jeunes : « Plus en amont, l’affaissement général du niveau en mathématiques de nos lycéens crée une vulnérabilité nationale pour l’avenir. Pour permettre aux entreprises d’innover afin de gagner en compétitivité, il est en outre nécessaire de produire les connaissances scientifiques en ingénierie. L’investissement dans la recherche en ingénierie constitue un vecteur essentiel mais méconnu et finalement peu exploité dans le cadre des grandes stratégies nationales ».
Au-delà de l’appui essentiel apporté aujourd’hui par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) dans la trajectoire nationale de réindustrialisation, la CDEFI estime particulièrement important de renforcer davantage l’interdisciplinarité, l’approche systémique et sociétale des grandes transitions. Et c’est ce qui caractérise la recherche en ingénierie, qui exploite les sciences fondamentales, les technologies avancées, les sciences humaines et sociales et les besoins de transformation de la société. La recherche en ingénierie est pratiquée selon une vision systémique, qui intègre de manière native l’ensemble du cycle de vie des produits, de leur création jusqu’à leur recyclabilité. La recherche scientifique en ingénierie est le terreau fertile où naissent les idées nouvelles et les technologies de rupture qui transforment notre manière de vivre et de travailler.
Autrement dit, l’ingénierie comme ensemble disciplinaire constitue le pilier fondamental de l’innovation technologique et de la compétitivité industrielle. Des investissements judicieux dans ce domaine ont conduit, conduisent et conduiront à la création de valeur, de nouvelles industries et de nouveaux emplois.
Par cette prise de position, la CDEFI souhaite voir émerger une volonté de renforcer le pouvoir économique de la France, volonté qui se traduit notamment par le soutien de la recherche produite par les écoles d’ingénieurs, des aspects les plus fondamentaux de la recherche scientifique jusqu’à la contractualisation avec les entreprises.
Ainsi, outre les financements de projets, notamment via les outils de France 2030, il semble fondamental à la CDEFI d’assurer une présence des écoles d’ingénieurs autour de la table des prises de décision stratégiques, tant au niveau des agences de programmes que des comités de filières. Cette présence est la condition nécessaire pour gagner en cohérence et en efficacité dans la mise en œuvre des politiques de recherche et d’innovation.
En bref…
Aramco prend 10 % de Horse
Chose promise, chose due. Aramco a pris 10 % du capital de Horse, la société britannique en charge du développement et de la production des moteurs thermiques fondée par Renault Group et Geely. Ces deux partenaires fondateurs voient leurs participations passer à 45 %. Horse Powertrain Ltd est valorisée à 7,4 milliards d’euros.